Qi Gong
Présentation
Au siècle dernier, dans une province reculée de Chine, on découvrit dans un tombeau une bannière, témoignant de la pratique d’exercices gymniques élaborés depuis des temps lointains.
Le caractère Qì 氣 est composé d’un grain de riz éclaté (米) et de la vapeur, de l’air en haut (气).
Pour les chinois l’énergie est composée d’une part visible en bas qu’on ingère, l’alimentation et d’une autre invisible, volatile en haut qu’on inhale, l’air. Le Qi peut se traduire par souffle/énergie comme il n’y a pas de mot exact en français. La pensée chinoise ne sépare pas le corps et l’esprit,
Le caractère gōng 功 représente un outil pour damer la terre (工) sur sa partie gauche et un outil pour semer, pour labourer (力) à droite. On le traduit par travail.
Le Qì gōng (氣功) est donc le travail du Souffle énergie en nous.
C’est une pratique traditionnelle, un outil de santé efficace, qui permet une meilleure circulation, une meilleure gestion de nos émotions et énergies. Il travaille le relâchement, l’équilibre, l’enracinement, l’élasticité des ligaments et tendons et sollicite tous les muscles du corps. Il apporte calme, assurance et aide à la confiance en soi.
« Le mouvement de la vie monte des pieds, en particulier par les 3 méridiens yin, de la rate, du foie et des reins, surtout des reins dont le point 1, au centre de la plante des pieds, se nomme Yong Quan 涌泉, Fontaine jaillissante »
Jean-Marc Eyssalet
Auteur de « Shen ou l’instant créateur » – Éditions Guy Trédaniel
Les principes du Qi gong
Tout le corps est détendu
(Quán shēn fàng sōng 全身放松)
Le mot fàng signifie relâcher. La relaxation n’est pas simplement un manque de tension. Le corps est alerte et vivant. Éliminez les tensions inutiles pour être souple, à l’écoute de son environnement. La relaxation est le premier et plus important principe du Qi gong.
Les articulations sont relâchées et ouvertes.
(Guān jié sōng kāi 关节松开)
Les articulations sont des passerelles qui permettent le passage du Qi. Il est important de maintenir ces passerelles ouvertes et en les relâchant en conscience. Ne verrouillez ni les coudes et ni les genoux, gardez les poignets légers, évacuez les tensions dans les épaules, doigts, hanches, chevilles, orteils.
Vider le cou, laisser l’énergie atteindre le sommet.
(Xū Lǐng Dǐng Jìn 虚领顶劲)
Relâchez les muscles du cou. La tête devient libre et légère, en délicate équilibre sur le haut de la colonne. Le menton peut partir en avant, en arrière ou bien sur un côté.
Suspendre le sommet de la tête.
(Dǐng tóu xuán 顶头悬)
La plante des pieds nous connecte à la terre, la couronne de la tête nous connecte au ciel. Imaginez un fil attaché au sommet de la tête, relié au ciel. Les yeux sont naturellement relâchés et le regard fixe droit devant soi, ni trop haut ni trop bas.
La langue touche le palais.
(Shé dǐng shàng è 舌顶上腭)
Gardez la langue relâchée, posée sur le palais, les lèvres se touchent légèrement. Cela génère de la salive que l’on avale quand c’est nécessaire. Dans le Taoisme, la salive est la liqueur de longévité. Le méridien « vaisseau gouverneur » se termine au palais tandis que le « vaisseau conception » débute à l’extrémité de la langue. En réunissant ces deux endroits, on constitue un important circuit énergétique permettant au Qi de circuler sur la face antérieure et postérieure.
Baisser les épaules et laisser tomber les coudes.
(Chén jiān zhuì zhǒu 沉肩坠肘)
Quand nos épaules sont levées et les côtes également, la respiration devient superficielle et thoracique. D’autres tensions suivent dans une sorte de réaction en chaine. Baisser les épaules sans qu’elles soient avachies. Les coudes restent légèrement pliés. Quand les épaules et les coudes tombent, il est plus facile au Qi de descendre et de remplir le dan tian, le réservoir vital dans le bas ventre.
Centré et érigé
(Zhōng zhèng 中正)
La colonne vertébrale doit être droite et centrée sans crispation inutile des muscles. L’épine dorsale est une autoroute qui permet la circulation du Qi. Aux extrémités, la tête est dressée et le coccyx plongeant, il y a de l’espace entre les vertèbres pour les laisser respirer.
Il existe 4 courbes harmonieuses, au cou, à la hauteur de la poitrine, dans la région des lombaires et au niveau du coccyx. L’opposition des courbes concaves et convexes de la colonne vertébrale permet au corps de changer de position et de lever son poids. Le Qi gong aide à atténuer les excès de courbure lombaire ou sacrée, le but n’étant pas de les éliminer.
Relaxer la hanche
(Sōng kuà 松胯)
Le mot kua se réfère à la région inguinale, c’est un centre et une région pivot du corps. Relaxer les « kuas » peut faciliter la relaxation des hanches et des muscles profonds, comme le psoas, qui est fixé aux hanches. Les os de la hanche forme un coquillage protecteur autour du centre d’énergie du bas ventre, le Dan tian. Quand les muscles et tendons autour de la hanche sont relaxés, le Qi du Dan tian peut se répandre plus facilement à travers le reste du corps.
Utiliser l’intention, pas la force
(Yòng yì bú yòng lì 用意不用力)
ll y a un dicton qui dit « Quand l’intention (yì) arrive, le Qi arrive » ou bien « Là ou l’intention va, le Qi va ». Cela veut dire que plus son esprit est focalisé sur ce que l’on fait, plus on peut améliorer son Qi et le contrôler. Le Qi gong ne fonctionne pas sans conscience et concentration.
Le Qi coule jusqu’au Dan tian
(Qì chén dān tián 气沉丹田)
Dans le Tai ji quan par exemple, chaque partie du corps recherche son niveau le plus bas dans le champ de gravitation, bougeant et coulant vers le bas comme l’eau. Les épaules coulent, l’abdomen coule, sans aller jusqu’à tomber. À chaque inhalation, le Dan tian se dilate et à chaque expiration, il se contracte. Cette méthode de respiration masse et stimule le Dan tian. Avec le temps, à mesure que le Dan tian accumule une plus grande provision de Qi, l’apprenti va expérimenter une sensation de chaleur, de plénitude, de force intérieure, au début seulement pendant la pratique, et avec le temps à plein temps.
L’intention de faire couler le Qi vers le bas augmente l’équilibre et la stabilité, et facilite la respiration proprement dite.